L’exposition de silex de Grateloup

Le domaine de Grateloup renferme une richesse exceptionnelle : un industrie lithique s’étendant du Paléolithique inférieur au Néolithique. Les silex taillés retrouvés sur le vignoble sont âgés de 300 000 à 16 000 ans. 

Ce riche héritage a été découvert dans les années 1980, lorsque le vigneron, Gérôme Morand-Monteil, réalisant les premiers travaux agricoles, a mis au jour des pierres taillées préhistoriques (le vigneron nous confie qu’en réalité sa passion pour les silex a commencé en 1967 alors qu’il avait 12 ans). Parmi ces pierres taillées, nous retrouvons différentes industries qui se succèdent : l’Acheuléen, puis surtout le Moustérien, la méthode Levallois et le Solutréen et enfin un peu de Néolitique. Voici un bref descriptif de ces périodes accompagné des principaux outils que nous avons retrouvés.

L’ACHEULÉEN :

Les outils caractéristiques du Paléolithique inférieur sont le biface acheuléen et le galet taillé. 

– Le Biface

Le biface est un outil de pierre taillée en forme d’amande, taillé entièrement sur deux faces pour dégager un tranchant périphérique. Vraisemblablement tenu à la main mais aussi emmanché, il était essentiellement utilisé pour la boucherie. 

LE MOUSTÉRIEN :

Durant le Paléolithique moyen, les outils de pierres sont surtout réalisés à partir d’éclats : c’est le cas des racloirs et des pointes.  Durant cette période, quelques bifaces mais aussi des outils sur lames sont réalisés tel que le grattoir. 

– Le Racloir

Le racloir est un outil emblématique réalisé à partir d’un éclat de silex brut, dont un grand côté est transformé en tranchant par retouche. Il permet de racler les peaux et de travailler le bois. 

– Le Grattoir

Les hommes préhistoriques l’utilisaient pour gratter les peaux des animaux qu’ils chassaient ainsi que les os. Le grattoir résulte d’une lame de silex taillée de manière à ce que l’extrémité soit très pointue, tranchante et surtout extrêmement résistante. Nous avons trouvé des grattoirs à double face qui sont très rares.

LA MÉTHODE LEVALLOIS : 

La méthode Levallois, plus communément associée au Moustérien, est une méthode de débitage de la pierre impliquant la préparation d’une surface d’un nucleus pour le débitage d’un ou plusieurs éclats prédéterminés. 

– Le Nucleus 

Le nucleus est un bloc de pierre qui sert à produire différents outils comme les éclats ou les lames. 

LE SOLUTRÉEN : 

Le Solutréen (il y a environ 16 000 à 20 000 ans) a été l’objet d’une étude particulière sur le site de Château Terre Vieille, réalisée par le professeur Éric Boëda, de l’Université Paris Nanterre pour le CNRS. Plus d’un millier de lames de 20 à 5 cm de longueur et de 4 à 0,5 cm de largeur ont été retrouvées, ainsi que de très nombreux nucleus (plus d’une centaine) et outils dont des burins et des perçoirs.

– Le Burin 

Cet outil robuste est utilisé pour rainurer les bois de cervidés et l’os pour extraire des baguettes. Il se caractérise par un bec incisif et il est utilisé pour fabriquer des sagaies, des harpons, des aiguilles, …

– Le Perçoir

Le perçoir est un outil taillé en une pointe robuste, utilisée par rotation pour perforer l’os, le bois ….

– Les Feuilles de laurier

Ces pierres taillées en forme de feuilles de laurier servaient à tailler, gratter et percer. 

– Le Percuteur

Servent à tailler les nucleus pour dégager les éclats. 

Le vigneron précise que ce qui caractérise le domaine sont les bancs de silex, des carrières constituées de silex très purs, d’excellente qualité pour tailler. Nous avons retrouvé sur le domaine plusieurs ateliers des tailles qui se sont succédés à travers les époques.

… et merci au Figaro pour votre article sur l’oenotoursime dans le sud-ouest et la préhistoire au Château Terre Vieille !